Nouveau Parti anticapitaliste

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Un 8 mars offensif

200 000 personnes environ ont manifesté partout en France d’après les organisatrices. 10 000 à Rome, des centaines à Istanbul, des dizaines de milliers à Buenos Aires.

Dans un monde que les impérialistes mènent à la catastrophe, aux quatre coins de la planète, cette journée a de nouveau marqué l’ancrage de plus en plus important de cette simple compréhension : l’émancipation de tous ne pourra être totale sans que la moitié de l’humanité que représentent les femmes ne soit débarrassée de ses chaînes.

Partout en France, des cortèges dynamiques et jeunes

À Paris bien sûr, une manifestation très fournie a eu lieu et a rassemblé au-delà d’un milieu féministe militant de nombreux jeunes convaincus que la lutte contre le sexisme, pour l’égalité par-delà le sexe et le genre, sont primordiaux.

Cette dynamique se retrouve également dans les villes de province où presque partout les manifestations ont eu lieu en milieu de journée pour s’inscrire dans le cadre de la grève féministe (grève des travailleuses et travailleurs pour des revendications féministes). Dans toutes les villes, les cortèges ont été bien plus massifs que les années précédentes (à l’exception de l’année dernière en plein mouvement contre la réforme des retraites) : 7000 à Bordeaux et à Lyon, 6000 à Rennes, 5000 à Lille, 4000 à Grenoble ou encore 300 à Agen.

Partout on a pu voir des cortèges très dynamiques, vivants et joyeux. Malgré la gravité des slogans ou des messages sur les pancartes, ces manifestations furent festives, déterminées et les slogans repris par des milliers de personnes en appel à la fin de ce système patriarcal et capitaliste, inégalitaire et injuste.

À Agen, le cortège était animé par des jeunes femmes, militantes du planning familial ou de syndicats et associations. À l’occasion du centenaire de la grève des sardinières de Douarnenez, la marche s’est faite au rythme cadencé de la chanson écrite il y a une vingtaine d’années en hommage à leur lutte.

À Rennes, Bordeaux, Grenoble, Mont-de-Marsan ou Dijon, ce sont les AG féministes (regroupements de militantes de divers horizons) qui ont particulièrement préparé la mobilisation de la journée, mais cette préparation s’est faite avec le souci d’intégrer les organisations syndicales et par là les revendications spécifiques liées au monde du travail.

À Bordeaux par exemple, on trouvait en tête du cortège la banderole de l’intersyndicale à côté de celle de l’AG féministe. Le SO de la manifestation était dirigé politiquement par l’AG féministe, mais il était appuyé par celui de l’intersyndicale.

Dans certaines villes, il n’y a pas eu de manifestation commune aux syndicats et organisations féministes, comme à Metz ou à Caen, où clairement les cortèges des associations féministes dépassaient fortement ceux des syndicats : à Caen on comptait 150 personnes pour les syndicats et 1500 du côté collectif féministe au sein duquel les militantes du NPA ont contribué à animer la tête de manif avec banderole et slogans lutte de classe.

Un 8 mars aux couleurs de la Palestine

À Paris, ainsi qu’à Bordeaux, Grenoble, Rennes, Mont-de-Marsan ou Lille, les appels à la mobilisation intégraient les revendications du cessez-le-feu immédiat à Gaza et la fin de la colonisation sioniste. Les slogans contre l’État colonial génocidaire se sont donc mêlés à ceux revendiquant l’abrogation de la loi asile immigration ainsi qu’une vie digne pour tous et toutes.

À Caen, dans le village féministe organisé le collectif Droits des femmes et le planning familial se trouvait un stand du collectif Palestine.

Des tentatives d’infiltration des manifestations par l’extrême droite sioniste

À Paris, le collectif sioniste « Nous vivrons », qui s’est créé au lendemain des attaques du 7 octobre, avait demandé à participer à la manifestation du 8 mars, sous couvert de dénoncer les violences sexuelles commises par le Hamas. Cela avait été accepté par le collectif d’organisation du 8 mars, malgré l’opposition de certains de ses membres, dont nous faisons partie : nous dénonçons bien évidemment toutes les violences sexuelles, mais il paraît très clair que ce collectif instrumentalise la question pour affirmer avant tout son soutien à l’État d’Israël et criminaliser tout soutien aux Palestiniennes et Palestiniens. Encadré par un service d’ordre composé d’hommes armés et cagoulés, ce cortège qui scandait « Israël vivra, Israël vaincra » a donné lieu à des affrontements avec les manifestants pour qui le processus génocidaire en cours à Gaza doit être dénoncé haut et fort. Ils ont donc été exfiltrés par la police et le préfet de police de Paris, Laurent Nunez a affirmé qu’il portait plainte contre des manifestants qui ont pris à partie les membres de Nous vivrons, qui se posent en victimes de l’antisémitisme, mais qui sont avant tout des soutiens actifs de la politique du gouvernement israélien.

À Bordeaux, il y a eu aussi tentatives d’intrusion de « Nous vivrons » dans la manif mais la coconstruction de la sécurité de la manifestation a permis d’être particulièrement efficace et de les refouler sans heurt majeur.

Nous sommes bien sûr solidaires des personnes qui pourraient être poursuivies suite aux affrontements avec ce collectif sioniste.

Construire l’avenir

Faire de la journée du 8 mars une grande grève féministe et le début d’une mobilisation d’ampleur comme cela existe dans de nombreux pays n’est pas encore à l’ordre du jour en France. Mais si l’idée de la grève féministe n’est pas évidente dans toutes les consciences, plusieurs dynamiques permettent d’espérer un véritable tournant dans les années à venir. En effet, il est important de souligner une implication syndicale inédite dans la construction de la grève. Les communiqués et tracts appelant à se mobiliser et à faire grève pour le 8 mars n’avaient jamais été aussi nombreux.Les associations féministes de lutte grossissent partout et tentent de construire cette grève tout au long de l’année.

À Bordeaux, la journée de mobilisation s’est terminée par une assemblée générale des grévistes qui a réuni plus de 150 personnes. Animée par une camarade Gilet jaune et des militantes de l’AG féministe, l’objectif était d’échanger pour continuer de construire la lutte. Les témoignages, pour certains déchirants, ont donné du carburant à la colère ainsi qu’à la détermination pour s’organiser et tout bouleverser.

Chloé Dorbo et Liliane Laffargue